L'orpheline par Serge Lutens
Parfum: Serge Lutens L'orpheline
Parfum: Serge Lutens L'orpheline
L'orpheline
L'orpheline de Serge Lutens est un parfum pour les femmes et les hommes. L'orpheline a été lancé en 2014. 1. Encore une autre fille ! Oui, si tu crois qu'elle est la partie abandonnée de moi. Mon enfant, j'ai coupé le monde en deux. D'un côté, une fille, la vaincue - pas la perdante ! - et plus précisément, ce qui a germé en elle et que j'ai élevé en moi ; et de l'autre, un garçon, le Vainqueur. Pour un enfant, le monde se résume à trois personnes : lui-même, sa mère et son père. Sans que chacun fasse un choix aussi tranché que le mien, chacun en sera dépendant toute sa vie. 2. Votre choix s'est-il présenté comme celui de la mère ? Pas la mère, sa blessure ; je l'ai portée. C'est indéniablement une identification. Comme pour chacun d'entre nous, je dois ma vie au hasard. Le fameux coup de dé me paraît exemplaire - c'est un chiffre sacré - c'est celui qui nous conduit là où nous aurions dû naître ou ne pas naître. Je ne rappellerai pas les épisodes marquants de mon destin mais, entre ce qui a été et ce que j'ai ressenti, la différence a été plus grande. Cependant, l'enfant est le clairvoyant : il prévoit. Comme j'accordais à la blessure toutes les qualités du féminin, elle me nomma. 3. Désormais, faut-il comprendre que le masculin a été nié en vous ? De ce qui à mes yeux était officiellement requis : l'armée, l'autorité, le pouvoir, l'ordre, le moralisme, oui. J'étais en guerre contre le masculin : Maléfique. On peut s'attendre à ce qu'à partir de ce moment, j'invente une femme et que je nous remette au goût du jour, c'est le baptême du sang. 4. Revenons à l'orpheline. C'est toi ? Non, à l'origine c'était un territoire vierge, il m'attirait mais je ne m'y reconnaissais pas ; ce territoire que je reniais était celui des hommes. Ma mère, elle était la colère et moi, son fils, sa vengeance. 5. Et le père, où est-il ? Le père est l'ennemi déclaré. J'étais la haine de la Terre, du père. De la mère j'étais la figure de proue, et du père l'assassin. La blessure n'a pas guéri. J'avais beau m'aveugler, je voyais : le père était immortel. De lui je garde le féminin qu'il a trahi. 6. Comment avez-vous retrouvé le chemin du parfum dans ce labyrinthe ? C'est la mémoire, le pardon et comme ça, ce que nous avons aujourd'hui, il a pu survivre : De la poussière. Il n'est pas seulement au féminin mais il n'a pas non plus de pluriel. C'est le sillage de ma vie, ce qui reste quand tout a disparu. C'est l'invisible qui, voile après voile, là où on l'oublie, s'efface en gris. -Serge Lutens